De la maison de campagne au centre de formation
Situé à l'entrée de la Robertsau, à proximité des institutions européennes, le Centre culturel Saint-Thomas, avec ses bâtiments fonctionnels et son grand parc arboré, offre un cadre idéal pour l'accueil des séminaires, des sessions de formation et des récollections. Le haut mur qui enserre la propriété est le témoin silencieux de la longue et riche histoire de ce centre.
C'est en répondant à un appel que leur a adressé l'évêque de Strasbourg, Egon de Furstenberg, en 1683, que les jésuites ont créé le grand séminaire et le collège royal (actuellement lycée Fustel de Coulanges). Le père recteur de ces établissements fait l'acquisition en 1686 d'une propriété à la Robertsau et fait aménager celle-ci en maison de campagne pour les pères professeurs et pour les étudiants. Ces aménagements consistent essentiellement en une maison de maître, une maison pour le jardinier, des annexes de ferme, un verger potager et un bois, le tout ceinturé d'un mur de clôture faisant le tour de la propriété. Cette campagne doit "permettre aux pères jésuites et à leurs élèves de donner relâche à l'esprit" mais aussi de fournir au séminaire fruits et légumes.
Le chanoine Mathieu
Les troubles révolutionnaires n'épargnent pas le domaine qui est confisqué en 1791, puis vendu en 1797 au général Tharreau. En 1824, l'évêché de Strasbourg put racheter celui-ci au profit du grand séminaire. La totalité de la somme de 24 400 francs de ce rachat provenait du legs d'un ancien chanoine de la cathédrale de Strasbourg, Mathieu. Cet ancien royaliste proscrit mit comme condition à son legs que les étudiants bénéficiaires de bourses qu'il offrait disent chaque jour "une prière pour le roi de France et sa famille".
Un acte notarié de l'époque utilisa pour la première fois la désignation "Domaine des jésuites" et une ordonnance royale de Charles X ratifia ce rachat et rendit ainsi à ce domaine sa destination première. Celle-ci ne devait plus changer jusqu'en 1923, où l'institution devient le "séminaire de philosophie Saint-Thomas" préparant au baccalauréat de philosophie des élèves provenant des collèges épiscopaux, des petits séminaires et des lycées. Avant d'aborder la phase actuelle de l'établissement, notons que pendant l'occupation de 1940-1944, les autorités allemandes avaient retiré au grand séminaire l'utilisation et l'usufruit des bâtiments gouvernementaux de la rue des Frères, mais laissé à sa disposition l'établissement de la Robertsau. Celui-ci servit de refuge à la formation des théologiens, et également d'abri à 30 000 livres de la bibliothèque du séminaire. De 1945 à 1965, l'établissement redevient séminaire de philosophie.
Nouvelle mission
A partir de 1965, le séminaire Saint-Thomas sera investi d'une nouvelle mission. Le concile Vatican II a redonné à la pastorale un souffle missionnaire : "Tous responsables de la vie et de la mission de l'Église". Cet appel à la responsabilité de tous exigeait la mise en place de lieux et de moyens de formation théologique et d'approfondissement de la foi. A l'initiative de Mgr Elchinger, la Maison Saint-Thomas s'agrandit par l'adjonction de nouveaux bâtiments fonctionnels, adaptés à la nouvelle mission du Centre : salles de conférences, salles à manger, hébergement. Inauguré en 1974, ce bel outil au service de la formation théologique et spirituelle peut accueillir des groupes de dix à deux cents personnes. Des associations et organismes de la vie civile, séduits par le calme du site et la qualité des services, sont nombreux à frapper à la porte pour des sessions de formation. Fréquenté majoritairement par les mouvements et services d'Église, mais aussi par de nombreuses instances de la vie sociale, le Centre Saint-Thomas, devenu un grand carrefour d'échanges, prend très souvent un visage de Pentecôte : rencontres entre générations, entre cultures, entre nations et peuples, entre Églises, entre continents...
Signe d'une Église à l'écoute des hommes de ce temps, le Centre Culturel Saint-Thomas accueille tous ceux qui ont à cœur de servir l'épanouissement humain et spirituel de l'homme, de tout homme. Il est habité par un Aumônier, une famille et une Communauté religieuse.
Une équipe de quinze salariés s'y relaient plus de 300 jours par an pour tenir et garder cette Maison ouverte et accueillante.
Sources :
Robert Pfister, "Métamorphoses d'un village. La Robertsau de 1900 à nos jours", Éditions La Tour Blanche.
Chanoine Jean-Pierre Zirnheld ; Almanach Saint Odile - Février 2006, Alsace-Media